L'enlèvement de Darius III, la fin des Achéménides et l'avènement d'Alexandre le Grand
Derrière Darius, tout le continent asiatique pourrait encore se lever pour venir à son aide, car les guerriers ne manquent pas dans cette région du monde: Saces, Massagètes, Scythes, Hyrcaniens, habitants de la Transoxiane, de l'Aréie et de la Paraponisade forment des multitudes armées dont le poids suffirait à infléchir au destin. Mais ils n'y songent guère. Engourdie dans sa torpeur, l'Asie n'a pas conscience du drame qui se prépare. Darius aurait tort d'en attendre le moindre secours. L’Asie à choisi son champion : ce sera Alexandre...
Aussi, Darius a-t-il décidé de ne plus reculer et de tenir tête à Alexandre là même où il se trouve. Dans l'espoir de ranimer le courage des généraux, il leur explique la nécessité de livrer ce suprême combat. Encore un ! Mais ceux-ci n'ont plus confiance en leur souverain qui a déjà fui deux fois le champs de bataille à Issos et à Gaugamèles.
Affronter sur place les forces macédoniennes d'Alexandre serait aller au-devant d'un désastre certain, affirment-ils. Les dieux semblent de son côté. Alors mieux vaut s'enfoncer dans les terres asiatiques et lever une nouvelle armée d'hommes non démoralisés et ignorants de l'insolente réussite du conquérant. Cependant, Darius n'a plus la confiance de ses généraux et des peuples de son immense empire. Nabarzane soumet au roi une idée invraisemblable et radicale: Darius doit renoncer à la tiare! Qu'il la remette à Bessos dont le prestige n'a jamais été aussi grand et qui possède de solides alliances avec les Scythes et les Indiens. Darius entre dans une rage folle! Il bondit sur Nabarzane poignard à la main et tente de l'égorger. Celui-ci parvient à se soustraire à la justice royale et quitte aussitôt le camp emmenant avec lui son corps d'armée.
Des lors, les défections se multiplient. Dans le regard de tous ceux qui l'approchent, le Grand Roi ne lit plus que la méfiance et la trahison. Il se sent tout à coup seul, suspendu devant un vide effrayant : sa fin. Un vent froid balaie la plaine et y soulève des nuages de poussière. Leurs voiles sombres obscurcissent le soleil et c'est dans une lumière d'apocalypse que les derniers contingents de l'armée se mettent en marche vers la cité de Thara. Un silence oppressant règne dans les colonnes. La peur de l'ennemi, l'incertitude quant à la réussite du roi, l'angoisse du lendemain paralysent toutes les énergies.
L'armée s'arrête et dresse le camp. Durant la nuit, Bessos, Nabarzane et bien d'autres généraux font irruption dans la tente royale. Darius semble résigné. Les attendait-il ? Ils s'emparent du souverain, le ligotent et le portent dans son char. Leur intention est de l'emmener comme otage en Bactriane et de le livrer à Alexandre en échange d'un traité qui reconnaîtra leur suzeraineté sur les satrapies orientales. C'était mal connaître le jeune macédonien...
La nouvelle de l'enlèvement du roi se répand rapidement dans le camp, où elle sème la panique. Le roi n'est-il pas un envoyé du dieu tutélaire de la famille Achéménide Ahura Mazda? Les dernières unités se débandent. Certains soldats rejoignent même l'armée d'Alexandre. De l'orgueilleuse armée perse, dont les quelques deux cent mille hommes avaient affronté l'envahisseur à Gaugamèles en Mésopotamie, il ne reste qu'une poignée de cavaliers et un char portant un prisonnier chargé de chaînes, qui s'enfuient vers les profondeurs de l'Asie dans un tourbillon de poussière...
Commentaires
Enregistrer un commentaire