Accéder au contenu principal

Articles

La Forteresse de Salses (Pyrénées Orientales 66)

Au XVe siècle, la chaîne montagneuse des Corbières constitue la frontière naturelle entre la France et l’Espagne. Afin de protéger sa frontière, le roi Ferdinand d’Aragon ordonne la construction d’une forteresse à Salses en Catalogne. Le chantier est confié à l’architecte Ramiro Lopes. Il débute en 1497 pour s’achever en 1503. Conçue comme une arme dissuasive, les plans de la forteresse ont été détruits après la construction. Salses est une zone d’étangs et de marécages. La forteresse est construite non pas sur un plateau, mais dans une cuvette. La forte chaleur de la journée forme une bruine brouillant la vision. L’architecture de la forteresse est une transition entre le château médiéval, de part ses tours, son donjon et ses courtines, et le fort moderne, de part ses formes géométriques et son enfoncement dans le sol de façon à se dérober à la vue et aux coups de l'ennemi. Elle se présente sous la forme d'un vaste rectangle à la forme trapu. Elle se divise en deux

Les égouts de Paris : l’approvisionnement et la gestion de l’eau dans la capitale.

Etudier les égouts, ce n’est pas seulement s’intéresser à un édifice, c’est aussi s’intéresser aux questions d’urbanisme, environnementales, sanitaires et sociales. L’accès à une potable conditionne toute installation humaine et constitue un enjeu primordial pour le développement d’une ville. Lors de la conquête romaine, Lutèce s’étend sur huit hectares entre bois et marais. L’eau est puisée dans la Seine et dans les rivières avoisinantes. Les nouveaux maîtres des lieux réorganisent l’urbanisme. Durant l’époque gallo-romaine, la cité s’étend sur 52 hectares en direction de la rive gauche et de la montagne Sainte Geneviève, pour une population avoisinant les 6.000 habitants. Les Romains sont très soucieux de leur hygiène. Ils ont besoin d’un apport régulier d’eau que les aqueducs leur procurent. L’aqueduc d’Arcueil, long d’une vingtaine de kilomètres, puise l’eau des sources de Rungis et de Wissous. Il amène 24m3 d’eau par jour, qui est ensuite dispatchée à travers les fontai

L'au delà

Le refus par l’Homme de sa finitude provoque son désir d’éternité. Les Hommes de la préhistoire se préoccupent d’honorer leurs défunts. Ils mettent en scène et ritualisent la mort pour lui donner une forme concrète et, de ce fait, la rendre moins effrayante. En Mésopotamie, les défunts rejoignent un monde souterrain duquel il est impossible de sortir. Ils deviennent une ombre ou un souffle se nourrissant de poussière. Le culte des morts favorise l’amélioration de ses conditions d’existence. Il n’existe pas de vie heureuse après le décès. L’Homme accomplit son destin sur terre de son vivant. Les Grecs et les Romains se dirigent dans l’Hadès après leur mort. Au –VIIIe siècle, Homère et Hésiode décrivent l’enfer. Des montagnes infranchissables et le fleuve Styx cloisonnent ce lieu. Le froid, l’humidité et l’obscurité y règnent. L’écoulement du fleuve et les aboiements du chien Cerbère provoquent un vacarme abrutissant. Les ombres s’agglutinent sans aucune distinction, en attend

Meaux : cité épiscopale (Seine et Marne)

La ville de Meaux est située au Nord de la Seine et Marne dans un méandre de la Marne et dans la région fertile de la Brie. Le site est propice à l’installation humaine. La ville est attestée dès l’époque gallo-romaine. La cité, appelée Meldus en latin, se dote de remparts au IIIe siècle, dont une partie est toujours visible de nos jours. Les habitants de Meaux, les Meldois, tire leur nom de l’ancienne appellation de leur ville. Siège de l’évêché, le palais épiscopal constitué de la cathédrale et des divers bâtiments conventuels, en constitue le cœur. La construction de la cathédrale débute au XIIe siècle sur l’emplacement de l’église mérovingienne. Elle ne s’achève officiellement qu’au XVIe siècle faute de financement, à cause de la guerre de Cent ans et de l’occupation anglaise. Dans les faits, elle ne fut jamais réellement achevée, comme en témoigne la deuxième tour remplacée par un simple clocher recouvert d’ardoises, d’où son nom de « tour noire ». De petite taille

Elisabeth de France : sœur du roi

Histoire, temporalité et nazisme

Dans l'Ancien régime, la société était cohérente, homogène, fermée et hiérarchisée. Chacun restait à la place que la nature lui avait assignée. La communauté parlait d'une seule voix, celle de son chef qui s'imposait de part ses qualités naturelles. Après la révolution de 1789, l 'individu n'est plus membre d'une communauté parce qu'il y est né, mais parce qu'il y a adhéré. C'est la notion de contrat social développée par Jean Jacques Rousseau. Le libéralisme et l'égalitarisme ont engendré la cacophonie et permis aux étrangers et aux juifs de devenir citoyens. Le marxisme encourage à combattre les hiérarchies naturelles. Il déplace le combat de la sphère racial à la sphère sociale, divisant ainsi les citoyens du même pays. Pour Goebbels, il faut effacer 1789 de l'histoire. Néanmoins, le nazisme n'est pas un retour en arrière. Il convient d'adapter dans le présent l'harmonie des communautés passées, seules garantes de paix socia

L’An mil : l’année de profonds bouleversements ?

Aux alentours de l’An Mil, les moines notent les événements qui leur paraissent anormaux. Dans l’Apocalypse il est écrit que Satan se libérera de ses chaines au bout de mille ans. Ils sont les seuls à se rendre compte que le monde se situe au croisement de deux millénaires. Le peuple continue à se référer au cycle des saisons. L’historien George Duby a mis en avant des moments de tension au XIe siècle. D’après lui, la purification de la société passe par des pogroms, les chasses aux sorcières et de grandes processions expiatoires. Les Hommes du Moyen-âge ne craignent pas la fin du monde en tant que tel. Ils sont davantage préoccupés par le salut de leur âme. Cette "peur" a été plusieurs fois mise en avant par des groupes critiquant l'Église, tels les protestants au XVIe siècle ou les philosophes des Lumières. Pour les médiévistes mutationnistes entre les années 1950 et  1980, l 'an mil coïncide avec un changement brutal de société. Les structures publiques carolingie

Une vie de Romain

Pour plus de commodité, l’interview a été traduite du latin en français. Les Romains ne connaissent pas le vouvoiement, voilà pourquoi nous avons tutoyé notre interlocuteur. Présente-toi à nos lecteurs. Je m'appelle Caius Flaminus Maximus. Je suis un chevalier, c'est à dire que les membres ma famille sont d’anciens militaires reconvertis dans l’administration et les affaires. Elle possède un cens de 400.000 sesterces. Nous faisons partie de l'aristocratie avec les sénateurs. Ces derniers possèdent un cens supérieur à un million de sesterces et sont sénateurs depuis trois générations. Ton rang social se voit-il dans ta tenue vestimentaire ? Oui. Je porte l’angusticlave, une tunique rayée avec une étroite bande pourpre, ainsi qu’un anneau d’or. Les sénateurs, eux, revêtent le laticlave, une écharpe pourpre. Chez l’homme, la toge est le vêtement du citoyen romain qu’il doit porter lors des cérémonies civiques. Elle est maintenue par des fibules, sorte de broche

Quand les Rois Hébreux doutent: Le jour où Yahvé a failli disparaître

Je me suis toujours posé la question de savoir si les hommes avaient un jour renoncé aux divinités et s’ils s’étaient un jour entièrement consacrés à leur séjour terrestre sans se poser la question de l’au-delà ? Vaste question. La réponse est oui – sinon je n’écrirais pas cet article – mais à partir de quand ? La liberté de croire ou pas n’existe pas au Moyen-Age, à l’époque Moderne et aujourd’hui encore dans certains pays du monde. Il ne nous reste que le lointain passé. Au temps préhistorique ? Allez savoir ! Les spécialistes sont divisés. Les représentations murales dans les grottes ? De l’art ? De la magie ou du chamanisme comme on me l’a appris lorsque j’étais en primaire (en effet à quoi bon parler de cela dans les classes supérieures, c’est tellement peu intéressant – ironie !) ? Des représentations religieuses ? On a retrouvé la première figure anthropomorphique dans la grotte Chauvet : une tête de taureau sur un corps d’homme ! Ciel, le Minotaure ! Déjà ? Sans oublier que

Samouraïs et ninjas : les guerriers du Japon

Le terme « samouraï » apparaît pour la première fois au Xe siècle et désigne un homme au service de la cour, d’un noble ou d’une administration. Il ne revêt pas une connotation guerrière. Les militaires sont désignés par les termes de « tsuwamono » ou de « mononofu », puis après le Xe siècle, par le terme de « bushi ». Au XVIIIe siècle, les Occidentaux emploient le mot « samouraï » pour désigner les guerriers japonais. Entre le VIIIe et le XIIe siècle, le pouvoir impérial est incapable d’affirmer son autorité sur l’ensemble de l’archipel. Les seigneurs locaux s’accaparent le pouvoir et constituent des fiefs. Les fils de fonctionnaire, privés de perspectives sociales, quittent la capitale pour se mettre au service des seigneurs. Ils savent utiliser des armes et possèdent assez d’argent pour acquérir un cheval. Dans les batailles, ils forment des groupes de cavaliers au côté des paysans constituant l’infanterie. Les conflits entre seigneurs entraînent un accroissement du nombre d