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Articles

Alexandre Ier de Macédoine, le Philhellène

Il existe des "Alexandre" dont on oublie qu'ils ont existé. Le plus célèbre est évidemment Alexandre le Grand, dont l'adjectif nous a presque fait oublier qu'il fut le troisième de la dynastie des Téménides, la famille royale macédonienne. Il y eut donc deux premiers "Alexandre". C'est Alexandre Ier (500 – 450 av. notre ère) qui nous intéresse aujourd'hui. Il est le premier roi macédonien à véritablement inscrire sa politique dans la voie du philhellénisme, c'est-à-dire à vouloir voir son peuple accepté parmi le cercle restreint et sélectif des civilisés grecs ! D'où découle son adjectif : Alexandre le Philhellène, ou « l'ami des Grecs ». Alexandre Ier est le dixième roi de la liste monarchique macédonienne. Il est le fils d'Amyntas Ier, un grand roi qui fit connaître son royaume à la Grèce. Poursuivant la politique conciliatrice de son père avec des Grecs pourtant arrogants et méprisants, Alexandre entend ouvrir davantage la Macé

Hypatie d'Alexandrie, une femme seule face aux chrétiens

Alexandrie, ville de savoir ; ville de délices ; ville de richesses ! Et pourtant parfois, ville décadente et théâtre des pires atrocités faisant ressortir le vice animal, dénué de toute philosophie civilisatrice. En 415 de notre ère, cette Alexandrie, cité révérée et donnée en exemple, va connaître les premiers signes de sa décadence : elle assassine une des plus grandes savantes et philosophes de l’histoire de l'humanité, la belle et intelligente Hypatie. Née vers 370, Hypatie a environ dix ans lorsque l’empereur Théodose proclame la foi chrétienne comme étant la religion officielle de l’empire. Théodose met fin à un millénaire de stabilité religieuse et installe une religion qui tend à la prédominance   et qui, par l’intolérance qu’elle exerce, met l’empire en proie à des révoltes incessantes.  Moins d’un siècle suffira à le faire définitivement chuter ! Les chrétiens avaient été plusieurs fois massacrés – souvent injustement – servant de boucs émissaires quand la situation l’i

A Lépante, les chrétiens coupent la barbe du sultan

La bataille de Lépante est l’une des plus grandes batailles navales du XVIe siècle, qui voit s’opposer les Ottomans et les nations chrétiennes. L’origine de cette bataille est triple. Il s’agit tout d’abord d’une lutte d’influence et politique entre les deux grandes puissances européennes du moment, à savoir l’Empire Ottoman dirigé par Sélim II et l’Espagne des Habsbourg dirigé par Philippe II. Le premier est un vaste empire, dont le centre se situe en Turquie et qui s’étend sur l’Europe Centrale, l’Afrique du Nord et une large partie du Proche et du Moyen Orient. Au XVIe siècle, la famille des Habsbourg divisée en deux branches, règne sur une large partie de l’Europe (l’Espagne, le Portugal, les Flandres, l’Autriche et le Saint Empire). L’Espagne tire ses richesses de l’or en provenance de l’Amérique du Sud. La pression Ottomane se fait de plus en plus ressentir en Méditerranée. Les Européens ont encore en tête l’avancée ottomane en Europe centrale, ainsi que le siège de Vienne. Par a

1879 : le Sénat passe à gauche

Lors des dernières élections sénatoriales, en septembre 2011, le Sénat, bastion de la droite, a basculé à gauche. Un grand nombre de médias qualifie ce moment d’historique, soulignant que cette institution politique n’a pas connu l’alternance, depuis le début de la Ve République. Ce même événement a lieu en 1879, sous la IIIe République. La toute jeune République naissante (proclamée en septembre 1870, elle existe vraiment à part entière qu’à partir de 1875 avec l’élaboration des lois constitutionnelles) est plus royaliste que républicaine, aussi surprenant que cela puisse paraître (1). Partout où l’on regarde, la République est en danger : l’Assemblée nationale est majoritairement monarchiste, le président de la République Mac Mahon est un légitimiste (2). Et pourtant, sans le savoir, la monarchie française vit les derniers instants de gloire de son histoire. Des fissures apparaissent. Les monarchistes sont divisés. Déjà, en 1872, Adolphe Thiers, monarchiste libéral, pressent que

Clovis et le Vase de Soissons : Vérité Historique ou Légende Pédagogique ?

Qu'est-il donc arrivé à Soissons en 486 ? La ville est restée célèbre auprès de nombreux élèves du primaire grâce à une unique anecdote. Là-bas, les enseignants racontent inlassablement depuis plus d’un siècle, que Clovis, le roi des Francs, s'est vu refuser l'attribution d'un vase par un soldat peu scrupuleux qui bafoue l'autorité du roi en brisant le précieux objet. Quelque temps plus tard, le roi se venge de l'affront : ayant déposé à terre les armes du soldat rebelle, sous prétexte que sa tenue laissait à désirer, Clovis lui fracasse la nuque pendant que ce dernier ramasse ses affaires. Aussitôt le roi s'exclame « souviens-toi du vase de Soissons ! » (Selon les textes, la vraie phrase serait : « Ainsi as-tu fait au vase de Soissons ! »). Ce fait est-il réellement avéré ? Est-ce une de ces fameuses « paraboles » censée illustrer et donner une leçon dans l’histoire ? Nous devons cet épisode de la vie du roi mérovingien au grand Grégoire de Tours qui a ch

Rodrigo, César et Lucrèce : trois Borgia sulfureux

Dans son roman intitulé Lucrèce Borgia, Victor Hugo décrit l’héroïne, comme une femme vicieuse, immorale et une empoisonneuse. Ces qualificatifs restent attaché à la famille Borgia. Nul doute, que les séries télévisées diffusées prochainement en France, se feront les vecteurs de cette image. Alors pour tous ceux qui en visionneront les épisodes, voici quelques cadres généraux. Les Borgia sont issus de la petite noblesse espagnole. Alfons de Borja est archevêque de Valence. Alphonse V, roi d’Aragon en fait son secrétaire et utilise ses talents de diplomate. Il prend part au concile de Rome et suit Alphonse V, lors de la conquête de Naples. Profitant des luttes entre les Colonna et les Orsini, Alfons Borja accède à l’investiture pontificale en 1455, sous le nom de Calixte III. Il installe sa famille à Rome, qui italianise son nom, devenant ainsi les Borgia. Parmi les nouveaux à Rome, il faut citer son neveu, Rodrigo qui est nommé cardinal. Ce dernier a plusieurs enfants avec sa maitr

Le colloque de Poissy

Le 9 septembre 1561, la Reine Mère Catherine de Médicis quitte le château de Saint Germain en Laye. Le cardinal Charles de Lorraine et Théodore de Bèze ont l’honneur de l’accompagner dans son carrosse. Le trio se rend à Poissy, dans le couvent des dominicaines. Catherine de Médicis profite de la présence d’un grand nombre de prélats, venus à Pontoise pour les Etats Généraux et les réunis en colloque à Poissy. Catherine de Médicis veut sauvegarder l’unité du royaume, se divisant sur la question religieuse. En effet, la réforme protestante se propage en France et touche tout particulièrement la noblesse. La majorité des personnes présentes à la cour se sont convertis au protestantisme, à l’instar d’Antoine de Bourbon, lieutenant général du royaume et père du futur Henri IV. Tout comme Michel de l’Hospital son chancelier, Catherine de Médicis pense que les dissensions sont la conséquence d’une ignorance mutuelle, et que les deux camps doivent apprendre à se connaître. Elle sent les membre

Perdiccas et la légende de la fondation du royaume de Macédoine

A l'occasion du grand rendez-vous de l'exposition au Louvre consacrée à Alexandre le Grand et à la Macédoine antique, il était impossible, pour moi, grand admirateur du géant Macédonien, de ne pas revenir sur l’événement. Cependant, plutôt que de vous parler d'Alexandre, j'aimerais, cette fois, vous conter la genèse de ce petit royaume, au nord des cités grecques, qui vit naître Philippe et son fils : la Macédoine . Si les Grecs ont longtemps considéré les macédoniens comme de simples barbares, ils ont pourtant en commun bon nombre d'histoires, telle la fondation des cités grecques par des héros ou la création de la Macédoine tout aussi poétique, romanesque et ... homérique ! Tout remonte au VIIIe ou VIIe siècle avant notre ère. Bien avant Alexandre, bien avant Périclès, alors que les cités grecques ne sont encore que des villages et que les âges obscurs entourent la Grèce dans un voile impénétrable et ténébreux. Point de démocratie ni de philosophes déclamant leu

Les pompiers de Paris soufflent leurs bougies

Dimanche dernier, 18 septembre 2011, la brigade des sapeurs pompiers de la ville de Paris ont fêté leur deux cents ans d’existence. Un soir de février 1810, l’empereur Napoléon Ier se réveille brutalement, en pleine nuit. Un incendie s’est déclaré dans son palais de Saint Cloud. Le feu est vite maîtrisé et on ne dénombre aucune victime. Suite à cet incident, Napoléon décide la création d’une garde de nuit spéciale à toutes les résidences impériales. Celle ci est intégrée à la garde de l’empereur. Le 1er juillet 1810, Napoléon Ier organise des festivités pour son mariage avec Marie Louise l’archiduchesse d’Autriche. Lors du bal donné chez l’ambassadeur près de la chaussée d’Antin, un incendie se déclare. Les secours évacuent le couple impérial en catastrophe. Marie Louise regagne Saint Cloud, tandis que Napoléon reste sur place, afin de superviser les opérations. Les secours se révèlent très insuffisant, si l’on en juge par le nombre de morts et de blessés recensés dans le rapport. Le l

Quand la folie s'empare de Charles VI : Retour sur les événements du bal des ardents

Combien de coups de folie a bien pu avoir Charles VI avant d'être surnommé « le fou » par ses contemporains jusqu'à nos jours ? Deux, si l'on en croit les sources historiques et les chroniques royales du XIVe siècle. Reprenons et posons les bases. Charles VI, fils de Charles V, est le roi de ce royaume que l'on nomme la France. Il est en guerre avec son voisin anglais pour la couronne et l'hégémonie sur ce royaume. Après plusieurs défaites, les Français ont repris la main, grâce notamment à des hommes comme Du Guesclin qui, en bon et efficace connétable de France, avait poussé les Anglais à la déroute à plusieurs reprises. Le règne de Charles VI, dans le prolongement de celui de son père, est une époque où l'on croit enfin que la France est dirigé par un souverain puissant et juste, capable d'administrer et de protéger au mieux son royaume... jusqu'au 5 août 1392. Ce jour là, dans la forêt du Mans, le roi est pris d'une crise de folie inexplica

Voyager 1 et 2 : L'Odyssée Inoubliable à Travers le Système Solaire

Le Grand Tour - Un Alignement Astronomique Rare L'exploration du système solaire par des engins automatiques restera gravée dans l'histoire de l'humanité comme l'une des plus fabuleuses odyssées. À l'instar de Gilgamesh, Ulysse, Alexandre, Marco Polo ou de Christophe Colomb, les deux sondes Voyager 1 et Voyager 2 allaient révéler des mondes que les hommes observaient dans le ciel depuis la nuit des temps. Au début des années 70, les scientifiques de la NASA avaient remarqué qu'en lançant deux sondes en direction de Jupiter, elles pouvaient aussi atteindre Saturne en rebondissant sur le champ gravitationnel de la planète géante. Mais mieux encore, toujours en utilisant cette technique de trampoline planétaire, les scientifiques américains allaient bénéficier d'un phénomène rare : l'alignement, depuis la Terre, des planètes géantes Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune. Une configuration qui ne se reproduit que tous les 177 ans ! Ainsi, l'exploration bap

L'affaire Galilée (2e partie)

En 1624, Galilée fait part au pape de son projet d’écrire un ouvrage sur les différents systèmes d’explication du monde. Urbain VIII donne son accord à condition de ne pas avantager l’un des systèmes. En 1628, Galilée termine son Dialogue touchant le flux et le reflux des marées. Il le soumet à l’Inquisition. La Congrégation demande à Galilée de modifier le titre, pour qu’il ne soit pas directement question des marées. C’est un exemple trop repris par les coperniciens. Il doit également rédiger une préface, où il indiquera ne pas prendre partie dans la querelle. De plus, Urbain VIII souhaite que l’auteur ajoute à la fin, l’argument de la toute puissance divine. Galilée accepte les modifications, car cela ne change rien sur le fond de l’ouvrage. En 1630, la peste sévit à Rome. Les chercheurs de l’académie du Lynx se dispersent. Galilée sans le savoir, vient de perdre un précieux allié. Il publie son ouvrage à Florence et non à Rome, comme convenu avec la Papauté. Le nouveau titre est en

L'affaire Galilée (1ère partie)

« Et pourtant, elle tourne » murmure Galilée à la suite de son procès devant l’Inquisition, où il est obligé de renier ses convictions scientifiques sur le mouvement des planètes. Il s’agit d’une phrase mythique, mais fausse, inventée au XIXe siècle, pour montrer l’incompatibilité entre la science et la foi, dans un siècle teinté de scientisme et d’anticléricalisme. Galilée est érigé en martyr de la science. Qu’en est-il dans la réalité ? Galilée nait à Pise, le 15 février 1564. En 1587, le jésuite allemand, Christophe Clavius, féru de mathématiques, à qui cet étudiant italien lui a dédicacé un traité sur la gravité des solides, lui obtient un poste de lecteur à l’université de Pise. Le jésuite remarque ses capacités, malgré une trop grande hâte dans le raisonnement. Il le met en contact avec le jésuite Paolo Valla, professeur du Collège de la Compagnie, travaillant sur la méthode scientifique, la physique terrestre et céleste et sur les mouvements des corps. L’influence des