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Articles

Histoire à la carte

Cette année, l’Institut Géographique National fête ses 70 ans. Parmi un très grand nombre de travaux, l’IGN conçoit et fabrique des cartes, un outil commun qui possède une longue histoire. La première carte du monde serait la pierre de Dashka découverte en 1999. Mesurant un 1m48 de hauteur sur 1m06 de large, elle cartographie la Sibérie il y a 120 millions d’années, bien que cette datation soit encore discutée. Elle présente la particularité d’être en relief. Outre cet objet singulier, c’est en Mésopotamie que les cartes les plus anciennes ont été trouvées. La cité de Nuzi situé au Nord de l’Irak a livré des tablettes datant de 2.200 avant notre ère. On peut y voir la cité au bord du Tigre et les montagnes environnantes. Les Grecs tels Hérodote et Ptolémée, s’intéressent à la terre habitée. La compréhension du globe passe par l’analyse du ciel. Ainsi, Eratosthène positionne les étoiles selon une latitude et une longitude et propose la première mesure de la Terre. Par rapport

Riche comme Crésus, le roi qui a donné naissance à la monnaie

Nous traversons une période économique tumultueuse. Entre les crises financières et l'importance omniprésente de l'argent, une question se pose : qui a inventé cet outil à la fois formidable et dangereux que l'homme désire tant ?  La Mésopotamie, berceau de la civilisation, n'avait pas de monnaie, du moins pas au sens où nous l'entendons aujourd'hui. Les anciens Mésopotamiens utilisaient un système de paiement assez archaïque, qui a pourtant perduré pendant longtemps. Il ne s'agissait pas de pièces de métal précieux, or ou argent, ou même de cuivre, comme nous en avons découvert grâce à l'archéologie. Les soi-disant "monnaies" de l'ancienne Mésopotamie étaient en réalité des lingots d'argent, estampillés d'une marque pour identifier leur propriétaire.  Il faudra attendre le VIe siècle avant notre ère pour voir apparaître la première véritable monnaie. Son inventeur est un souverain du royaume de Lydie (dans l'actuelle Turquie oc

Tolérer, c'est souffrir

Au sens courant, la tolérance est le fait de ne pas interdire ou d’exiger, alors qu’on le pourrait. C’est une attitude, qui consiste à admettre chez autrui une manière de penser ou d’agir différente de celle qu’on adopte soi même. Au XVIe siècle, ce mot revêt une autre définition. Etre tolérant c’est être indulgent à l’égard d’opinion d’autrui sur les points du dogme que l’Eglise ne considère pas comme essentiel. La tolérance renvoie à la liberté de pratique religieuse. Le problème posé par le pluralisme religieux dans les Etats européens a suscité des réactions diverses. L’existence d’une vérité religieuse, seule garante du salut éternel face aux fausses pistes menant à la damnation, favorise l’intolérance. Ainsi les différentes confessions s’érigent en forteresses distingues les unes des autres et se combattent. Cependant, il existe dès le début de la Réforme, des personnes prônant la tolérance, pour la réunion de tous les chrétiens. L’humaniste Erasme dans une lettre datant du 22 ma

Le chevalier : une invention de plusieurs siècles

Un idéal peut être défini comme un ensemble de valeur et de pratique, une loi supérieure pour organiser la conduite. La chevalerie renvoie à la guerre, à une éthique nobiliaire et au christianisme. Associée au Moyen-âge, la culture chevaleresque n’a pas disparu de nos jours. Elle s’est modifiée au fil des époques. L’absence de code définitif écrit permet cette mutation. Au Moyen-âge, le chevalier devient la figure héroïque de la littérature au détriment des héros de l’Antiquité. Les chroniqueurs mettent en récit les plus hauts faits d’armes et les font entrer dans la légende. Si la littérature s’inspire des guerriers, ces derniers utilisent la littérature pour se créer une identité, leur permettant de légitimer leur domination sociale, par le bais de valeurs collectives et de modèle de comportement, au travers de la bravoure et de l’héroïsme sur les champs de bataille. Ces modèles sont inclus dans l’éducation des aristocrates des XIVe et XVe siècles. Ainsi, le chevalier et le noble ten

Le patrimoine historique de l'Irak : entre pillage et préservation

Cette histoire se déroule en Irak, l'ancienne terre de Sumer, un pays qui a été dévasté par deux décennies de guerre. Aujourd'hui, plus de sept ans après l'invasion anglo-américaine, l'Irak peine à préserver un patrimoine historique qui est également le témoin de la plus ancienne civilisation humaine.  La tragédie a commencé en avril 2003, lorsque les soldats américains ont pris le contrôle de l'Irak. Pendant plusieurs jours, ils ont laissé des pillards dévaster les musées de Bagdad. Le Musée national, le plus riche et le plus important, situé sur une grande avenue au cœur de la capitale, a été le plus touché. En quelques heures, plus de deux siècles de fouilles archéologiques, soit au moins 15 000 pièces, dont des vases et des colliers babyloniens, des bronzes akkadiens, des poteries et des coutelas de l'ancienne Perse, et des tablettes d'argile sumériennes couvertes de textes cunéiformes - la plus ancienne forme d'écriture humaine connue - ont disparu.

C’est une maison rouge, accrochée à la colline

La ville de Meudon dans les Hauts de Seine, abrite la maison du sculpteur et aquarelliste français Auguste Rodin, né à Paris en 1840. Il s’installe à Meudon avec sa femme Rose Beuret, dans une maison somme toute modeste, faite de briques rouges et de pierre. Une part importante de la demeure est consacrée à l’atelier de l’artiste. La propriété respire le calme et la sérénité, qui transparaissent au travers du parc de la propriété. Les grandes pelouses côtoient quelques bassins dissimulés sous des arbres. Rodin cherchait un endroit pour fuir les tumultes de la vie parisienne. Le monument du 19 avenue Auguste Rodin, est ouvert au public. Le visiteur peut se promener dans le parc, faire malheureusement un trop rapide tour dans la maison et entrevoir l’atelier de l’artiste. Après un début de carrière quelque peu chaotique, il est remarqué au salon de 1877 et s’inspire grandement des artistes italiens de la Renaissance. Le musée des arts décoratifs lui commande une porte monumenta

Une nouvelle Tour de Babel!!!

La plus ancienne ziggourat, tour à étages emblématiques de la Mésopotamie, a été retrouvée en Syrie et relance le débat sur l'origine géographique de ces monuments. La mythique « tour de Babel », de son vrai nom etemenanki (« la maison-fondement du ciel et de la terre ») est plus célèbre des ziggourats. Elle s'élevait à Babylone du XVIIIe siècle au IVe siècle av. notre ère. Depuis toujours, les archéologues pensent que ces monuments sont originaires du pays de Sumer (sud de l’Irak), cette bande de terre entre le Tigre et l'Euphrate, où a été inventée l'écriture vers 3 200. Or, une équipe française vient de trouver la plus ancienne ziggourat connue à ce jour, datant d'environ 2 600. Surprise, elle se situe à 600 kilomètres au nord de Sumer, à Mari, en Syrie, sur les rives de l'Euphrate. De quoi relancer le débat sur l'origine géographique de ces édifices. Le mot ziggourat apparaît dans les textes au cours du IIIe millénaire av. J.-C.

L’identité du roi Arthur enfin révélée ?

Les recherches menées par les historiens et les spécialistes de la légende arthurienne ont retenu deux candidats correspondant probablement au roi légendaire de Bretagne. Le premier se nomme Ambrosius Aurelius. Il s’agit d’un breton romanisé, ayant vraisemblablement suivi une formation militaire ou ayant effectué un service dans l’armée. Cet inconnu sort de l’anonymat au Ve siècle lors des invasions anglo-saxonnes. A la tête d’une troupe de guerriers, il organise la résistance bretonne. Quels sont les points communs entre Arthur et Ambrosius ? Tous les deux vivent sur l’île de Bretagne et à la même époque. Ils possèdent chacun un nom romain, qui a de plus une consonance commune. Si Ambrosius a combattu les Saxons pour tenter de ramener l’ordre en Bretagne, Arthur a dû lui aussi combattre l’armée du roi Loth contestant son autorité, avant de rétablir la paix sur l’île. Enfin, il est stipulé dans les chroniques du moine Gildas le Sage qu’Ambrosius combattait avec une

Marathon : La bataille qui a façonné la civilisation occidentale

Alors que nous commémorons le 2500ème anniversaire de la bataille de Marathon en 2010, il est essentiel de plonger plus profondément dans la signification historique de cet événement.  Le 12 septembre 490 av. J.-C., les armées athéniennes, avec l'aide des troupes de la cité de Platée, infligèrent une défaite écrasante aux forces perses du grand Darius. Cet événement, exceptionnel par son ampleur historique, est un épisode qui ne peut être négligé dans les annales de l'histoire.  La bataille de Marathon est souvent perçue comme la première victoire significative de la culture occidentale naissante, ou de l'Europe, contre les grands rois et les cultures anciennes de l'Orient. Cependant, cette perspective peut simplifier à outrance les dynamiques complexes de l'époque. Pour comprendre pleinement l'importance de l'événement, nous devons le replacer dans son contexte historique et examiner les récits des deux côtés. Notre principale source d'information est H

David était-il alcoolique ?

L’étoile de David est le symbole du Judaïsme. Son apparition remonte au VIIe siècle avant notre ère. Constituée de deux triangles enchâssés l’un dans l’autre, elle représente les six jours de la semaine. Le septième est symbolisé par le centre. La signification du symbole proviendrait de la prophétie de Balaam : « Un astre issu de Jacob devient chef, un sceptre se lève, issu d’Israël » (Nombres 24, 1-25). Ce texte annonce la venue d’une étoile messianique, qui devait sortir de la maison de David, d’où son nom. Néanmoins, ce pictogramme est utilisé dans de nombreux autres contextes et revêt une signification bien différente. Ainsi à partir du XVe siècle, l’Etoile de David devient le symbole de la corporation des brasseurs en Europe et plus particulièrement en Alsace et dans la vallée rhénane. Servant au départ à éloigner les esprits malins, elle devint une enseigne signalant une brasserie ou une auberge. On la retrouve également sur les chopes de bière. L’emploi de l’Etoile des brasseur

La découverte en Israël d'un festin préhistorique bouleverse les théories existantes

Dans les profondeurs de la Galilée, au nord-est d'Israël, un secret vieux de 12 000 ans a été révélé. Des archéologues ont découvert des indices d'un festin préhistorique, une célébration de la vie et de la mort qui a eu lieu bien avant le début de l'agriculture. Ce festin, une réunion de personnes partageant une grande quantité de nourriture, est une preuve tangible de la sociabilité de nos ancêtres. À cette époque, l'homme était en transition, passant d'un mode de vie nomade à une existence sédentaire. Les groupes étaient petits, souvent composés de quelques dizaines de personnes tout au plus. Mais ce festin suggère une rencontre de plusieurs groupes, une communion célébrée par un échange de nourriture en grande quantité. C'était un festin, mais pas seulement pour nourrir le corps. C'était un festin pour nourrir l'âme, pour renforcer les liens entre les individus et les groupes. Ces rencontres étaient si importantes qu'elles ont pris une tournure r

Memnon de Rhodes, celui qui défia Alexandre le Grand

Si Alexandre a été surnommé Megas Alexandros – Alexandre le Grand – c’est bien grâce à sa bravoure au combat, sa carrière militaire, son empire gigantesque et à sa vie, sans aucun doute la plus trépidante qu’un homme n’ait jamais légué à l’histoire de l’humanité. Personne ne lui a résisté, hommes, femmes, macédoniens, grecs, perses, indiens, chacun s’est prosterné devant lui. M’intéressant à la vie d’Alexandre depuis plusieurs années, en lisant et en écrivant aussi sur lui, une question me tarabustait : qui donc a vaincu Alexandre sinon la mort elle-même ? Jamais l’intrépide macédonien ne perdu une bataille et même lorsqu’il revenait blessé, agonisant aux portes du monde d’Hadès, c’était toujours en vainqueur ! En réétudiant son épopée, je me suis rendu compte qu’il n’existait qu’un homme qui lui ait vraiment résisté. Darius le Grand roi ? Non ! Ses proches tels Hephestion ou Ptolémée ? Non plus ! Il s’agit d’un homme presqu’inconnu et qui traverse la vie d’Alexandre tel un météorite d

Vauban, c'est de la dynamite !

L’invention de la poudre attribuée aux Chinois parvient en Europe au XIIIe siècle par l’intermédiaire des Arabes. Son utilisation dans le domaine militaire remonte au XIVe siècle. Les premiers canons sont sans effet sur les fortifications. Au milieu du XVe siècle, les artilleurs de Charles VII modifient les techniques de ces nouvelles armes à feu. Ils remplacent les boulets de pierre par des boulets en fonte, améliorent la composition de la poudre et fabriquent les fûts en bronze. Désormais, les remparts ne résistent plus aux tirs de mortier. Ces progrès techniques entraînent une révolution dans l’art des fortifications. Les guerres d’Italie ont permis une accélération des recherches dans ce domaine. En 1515, Antoine de San Gallo substitue aux fortifications verticales des remparts bas en terre précédés d’un fossé, remplace les tours par des bastions triangulaires réduisant ainsi les angles morts et facilitant les tirs croisés. Les ingénieurs italiens modifient également le tracé des r

Le premier chien domestiqué : une découverte suisse qui change l'histoire

L'histoire de la domestication du chien, le meilleur ami de l'homme, est un récit fascinant qui remonte à des millénaires. Dans le canton de Schaffhouse en Suisse, la caverne de Kesslerloch a révélé un secret précieux en 1873. Des fragments de crâne et de dents d'un chien préhistorique ont été découverts, mais ce n'est qu'en 2009-2010 que de nouveaux chercheurs ont réexaminé cette découverte et ont calculé sa date approximative, plus de 14.000 ans ! Imaginez, un loup sauvage transformé en compagnon fidèle, il y a plus de 14.000 ans. Ce grand fragment de maxillaire, daté de 14.100 à 14.600 ans avant notre ère, est le plus ancien fossile de chien, c'est-à-dire un loup clairement domestiqué, jamais identifié jusqu'à présent. Cette découverte a bouleversé la communauté archéologique. Ce fragment de maxillaire est maintenant considéré comme la première preuve indiscutable et surtout la plus lointaine de l'existence du chien domestique. Mais l'histoire ne

Un Voyage dans le Temps : Découverte d'un Fragment de Code de Loi Pré-Biblique en Israël

Le 26 juillet 2010, une annonce retenue dans le monde de l'archéologie, faisant vibrer les cœurs des chercheurs et des historiens. En Israël, un fragment d'un code de loi ancien, vieux de 3 700 ans, a été mis au jour, évoquant le célèbre code d'Hammourabi. C'était une première, un fragment de code de loi découvert en dehors des terres de Mésopotamie. Ce texte, datant de dix siècles avant la rédaction présumée de la Bible, est un témoin silencieux d'une époque révolue. Pourtant, la découverte n'était pas spectaculaire en soi. Il s'agissait d'un minuscule fragment d'argile, censé à peine 2 centimètres sur 1,5, gravé de l'écriture cunéiforme akkadienne. Quatre lignes serrées de texte étaient inscrites de chaque côté de la tablette. Ce fragment a été découvert dans les ruines de la ville cananéenne de Hazor, dans le nord d'Israël. Le contenu du fragment révèle les règles qui régissaient les relations entre maîtres et esclaves. Hazor, située dans

De la foire à la pipe : L'Histoire méconnue de l'expression "Tête de Turc"

Dans le tumulte des foires du XIXe siècle, une étrange attraction attirait les curieux. Un mannequin à l'effigie d'un Turc, coiffé d'un turban, attendait patiemment que les plus forts viennent tester leur puissance en frappant sa tête de bois avec un marteau. C'est de cette image que naquit l'expression "tête de turc", désignant aujourd'hui une personne victime de moqueries ou de méchancetés. Mais une autre origine, plus poétique, pourrait être susceptible. Loin des foires bruyantes, dans le calme des ateliers d'Istanbul, des artisans façonnaient depuis le XVe siècle de magnifiques pipes en écume de mer. Cette pierre calcaire, abondante dans le Bosphore et la Mer Noire, était prise des fumeurs pour sa capacité à adoucir le tabac tout en absorbant la nicotine. Les pipes étaient ornées de divers motifs, mais l'un d'eux revenait fréquemment : une tête de Turc enturbannée. Ces pipes étaient de véritables œuvres d'art. Certaines pourraient a