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Les premiers pas d'Alexandre le Grand : Une épopée qui commence à seize ans contre les Médares

Les destins exceptionnels commencent parfois tôt, voire trop tôt. À un âge où nos enfants ne sont encore que de jeunes adolescents, certains prennent déjà en main leur destinée et marquent l'Histoire comme des forces explosives prêtes à éclater. En l'an 339 avant notre ère, tout l'ancien monde est dominé par l'empire fabuleux des Perses et les cités grecques. Tout, vraiment tout ? Non ! Dans un coin reculé, au nord de la Grèce, un petit royaume résiste encore et toujours aux envahisseurs : la Macédoine. Et en cette année 339, tout le monde connaissait déjà Philippe, le roi borgne ; ils allaient bientôt découvrir son fils, âgé de seulement seize ans, Alexandre, celui qui serait proclamé Le Grand !


Philippe est occupé. Comme tout grand roi qui se respecte, le souverain macédonien est au front, aux côtés de ses hommes, les accompagnant, les encourageant et les poussant à étendre les limites de leur royaume. Philippe se heurte d'abord aux défenses de Byzance, puis il doit soumettre quelques tribus scythes rebelles. Son fils, quant à lui, reste à Pella, la capitale. À peine âgé de seize ans, il est déjà comparé à Achille pour sa force, sa beauté et son courage. Son maître, le philosophe Aristote, lui a enseigné l'art d'être un stratège politique doué d'une grande éloquence. Toutes ces aptitudes ont logiquement conduit Philippe à le nommer régent du royaume en son absence. Cependant, malgré la présence d'Olympias, sa mère extrêmement aimante et protectrice, et sa très haute estime de lui-même, Alexandre se promène sans but dans le vaste palais : il s'ennuie !


"Quelle gloire me restera-t-il lorsque mon père aura tout conquis ?" répète-t-il inlassablement.


Une première mission lui permet de sortir de sa torpeur. Une délégation perse rend visite au roi, mais c'est le régent qui les reçoit en l'absence de son père. Les ambassadeurs repartent avec une forte impression. Le jeune homme illumine la conversation, se montre poli et courtois tout en posant de nombreuses questions sur l'empire perse, préfigurant déjà ses grandes ambitions de conquête. Quelques semaines plus tard, on lui rapporte que le peuple des Médares, vivant dans la région de Sofia, la capitale actuelle de la Bulgarie, a fomenté une révolte contre la Macédoine. Enfin, une deuxième mission se présente à lui ! Alexandre brûle d'impatience. Il réunit les généraux présents à Pella et annonce son intention de partir mater les Médares.


Allons-nous permettre à ces impudents, à ces barbares, de mettre en péril les anciens accords entre eux et la Macédoine ? Je prends le commandement d'une expédition punitive et nous partons dans quelques jours... Au plus tard dans une semaine ! "


"Ne serait-il pas prudent, voire normal, de demander l'avis de notre roi, ton père, sur ce que nous devrions faire ?"


"Notre roi Philippe est actuellement au-delà du Danube, en train de chasser les Scythes. Attendre donnerait l'impression que la Macédoine hésite et n'est pas capable de répondre fermement aux provocations d'une poignée de barbares ignorants et assez fous pour nous attaquer. Envoyer un messager à Philippe prendrait au moins deux semaines, permettant ainsi à la révolte de se propager à d'autres tribus. En outre, laisse-moi te rappeler qu'en l'absence de mon père, c'est moi qui prends les décisions ici, et qu'un jour je serai votre roi ! Qu'un messager parte ! Mais que le message lui indique non pas la révolte, mais plutôt qu'Alexandre l'a déjà éteinte !"


Le départ d'Alexandre, qui frémit d'impatience, est célébré avec enthousiasme, au rythme des encouragements traditionnels de la foule et des sons des flûtes et des trompettes. Tous admirent le fils de Philippe, plus radieux que jamais. Olympias assiste au départ depuis l'un des balcons du palais, anxieuse comme jamais auparavant.


L'enfance est définitivement révolue. Son fils, qu'elle considère comme le fils de Zeus, prend son destin en main : il devient un homme ! L'armée s'élance sur les terres des Médares. À la tête de ses troupes, pendant les combats sur son magnifique cheval Bucéphale, Alexandre démontre à tous les sceptiques l'étendue de ses talents : il est un bon cavalier, un bon combattant, un fin stratège... Et il n'a que seize ans ! Les Médares sont vaincus, chassés et leur capitale est rasée. À la place, le jeune régent fait construire une cité qu'il nomme Alexandrie ou Alexandropolis, en son propre honneur, préfigurant ainsi les nombreuses Alexandrie qui seront fondées lors de son invincible épopée en Asie.


Sa victoire coïncide avec le moment où Philippe apprend le succès annoncé de son fils. En effet, grâce à une propagande bien orchestrée, Alexandre fait célébrer son héroïsme et le triomphe de sa jeunesse, comparés à son père, vieillissant et blessé, qui subit depuis deux ans quelques revers mais pas de défaites ! Blessé dans son orgueil, Philippe fait venir son fils auprès de lui dans le nord, et c'est ensemble qu'ils vaincront les Scythes. Cependant, il y a une mésaventure que le roi aurait préféré éviter. Sur le chemin du retour vers la capitale, l'armée macédonienne doit faire face à plusieurs escarmouches et embuscades. Lors de l'une d'entre elles, le cheval de Philippe est mortellement touché, mettant le roi à terre, lui-même touché par une lance en plein dans la cuisse. Hurlant de douleur, le roi est paralysé et ne doit sa survie qu'à l'immense dévotion et à la piété filiale de son fils, qui saute de son cheval, court vers son père et le protège de son propre bouclier.


Le roi en sort blessé, tant dans son corps que dans son âme ! Sa vie a été sauvée par un jeune garçon qu'il commence désormais à considérer comme un rival. À leur retour à Pella, la foule ne regarde plus que ce jeune homme à peine sorti de l'enfance, aussi beau qu'Apollon et auréolé de gloire. Tel est le bilan de cette année 339. Les Perses, mais aussi les Grecs, apprennent qu'ils devront redouter un ennemi bien plus redoutable et séduisant que Philippe lui-même : son fils Alexandre, qui possède déjà toutes les qualités d'un grand !


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