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Memnon de Rhodes, celui qui défia Alexandre le Grand

Si Alexandre a été surnommé Megas Alexandros – Alexandre le Grand – c’est bien grâce à sa bravoure au combat, sa carrière militaire, son empire gigantesque et à sa vie, sans aucun doute la plus trépidante qu’un homme n’ait jamais légué à l’histoire de l’humanité. Personne ne lui a résisté, hommes, femmes, macédoniens, grecs, perses, indiens, chacun s’est prosterné devant lui. M’intéressant à la vie d’Alexandre depuis plusieurs années, en lisant et en écrivant aussi sur lui, une question me tarabustait : qui donc a vaincu Alexandre sinon la mort elle-même ? Jamais l’intrépide macédonien ne perdu une bataille et même lorsqu’il revenait blessé, agonisant aux portes du monde d’Hadès, c’était toujours en vainqueur !


En réétudiant son épopée, je me suis rendu compte qu’il n’existait qu’un homme qui lui ait vraiment résisté. Darius le Grand roi ? Non ! Ses proches tels Hephestion ou Ptolémée ? Non plus ! Il s’agit d’un homme presqu’inconnu et qui traverse la vie d’Alexandre tel un météorite dans l’atmosphère. Mais s’il a plié devant lui, il n’a jamais rompu. Son nom : Memnon de Rhodes. Que dire de cet homme, mercenaire grec, qui a combattu pour la Perse contre Philippe, le père d’Alexandre, puis Alexandre lui-même avec un certain succès avant qu’une mort prématurée ne mette fin à ses plans de reconquêtes. La relation entre les deux hommes est forte à tel point qu’Alexandre se liera avec la famille de son ancien ennemi.


Du mercenaire à l'obligé:


Avant de devenir l’un des principaux opposants du grand Alexandre, Memnon passe son enfance dans l’ombre de son frère ainé, Mentor. Né vers 380 av., Memnon reçoit une éducation grecque - de part la culture dominante qui règne sur l’île - et militaire – de part la position stratégique et commerciale de Rhodes. Jouissant d’une autonomie de principe mais étant surveillée de près par l’administration perse, l’île « produit » des mercenaires qui vendent leurs compétences aux perses.


C’est ainsi que Memnon et son frère sont employés par Artabaze, satrape de l’Hellespont et de la Phrygie en révolte contre le grand roi Artaxerxés III. Confiant, Artabaze décide de lier sa destinée avec les deux grecs en épousant leur plus jeune sœur, tandis que Barsine, sa fille, se liera avec Mentor. Les deux frères doivent mener les troupes du satrape à la victoire mais sont rapidement dominés par un ennemi infiniment plus nombreux et puissant en 354. Malgré leurs compétences reconnues, les deux frères sont contraints à la fuite. Mentor fuit en Egypte alors que Memnon rejoint Artabaze et Barsine qui trouvent refuge à Pella en Macédoine auprès de Philippe II le père… d’Alexandre !


Ils resteront presque dix ans en Macédoine où Memnon, on l’imagine, rencontrera le petit Alexandre alors qu’il se forme auprès de ses maîtres Léonidas et surtout Aristote. On s’amuse à imaginer l’expérimenté mercenaire grec répondre aux questions du tout curieux fils de Philippe et on se plaît à s’improviser une scène émouvante, quoi que tragique, de voir Memnon et Alexandre discuter et pourquoi pas jouer quelques instants ensembles. Scène bouleversante car c’est ce même Memnon qui se retrouvera face à son ancien obligé, 10 ans plus tard, lorsque Alexandre traversera l’Hellespont pour entamer la plus grande conquête de tous les temps.


Lorsqu’Alexandre débarque sur la plage d’Abydos en 334 – il a alors 22 ans – il est confronté à bien des problèmes. Sa jeunesse, ainsi que sa témérité, ne le met pas à l’abri d’un ennemi rusé et qui de surcroît le connaît très bien ! En effet, Darius III, le Grand Roi, a décidé de nommer Memnon comme généralissime de ses armées qui doivent écraser l’envahisseur macédonien. Memnon de Rhodes était finalement rentré au pays car son frère aîné Mentor, s’étant mis au service du Grand Roi, avait négocié le retour de sa famille. Mentor est mort depuis, et Memnon a épousé Barsine, sa veuve.


Prudent et conscient de l’immense potentiel des phalanges et de la cavalerie macédonienne, le rhodien signe pour une tactique de « la terre brûlée » qui consiste à fuir et brûler toutes les ressources alimentaires du pays devant l’ennemi. Bien informé, Memnon sait que l’impatient Alexandre a tout laissé derrière lui et qu’il n’a qu’une marge de manœuvre assez limitée : il compte s’enrichir et s’alimenter sur ses conquêtes !


Quelle impudence ! entend-on du côté des satrapes perses ; Il sera vaincu par les armes !


Memnon, devant une « fronde » - il est bien loin du Grand Roi - doit s’avouer vaincu et se résout à combattre. Stratège, il fait occuper la rive est d’un fleuve, le Granique. Là, il attendra Alexandre et son armée ! Là, il doit vaincre son ancien ami pour le compte des perses. Au diable les sentiments, il est un mercenaire ! Il est payé pour se battre, non pas pour faire du sentiment !


Alexandre est informé de la position perse. Il n’est que plus motivé par la présence de Memnon à la tête de ses ennemis. De la rancœur ? Il en a sûrement et l’avenir nous le prouvera.


Ainsi voilà Memnon, un grand homme ! dit-il ironiquement. C’est lui-même qui est venu chez mon père se réfugier des perses. Et à présent ? Par Zeus ! il est à la tête de ses anciens oppresseurs et le mari de la veuve de son frère qui lui avait permis de rentrer chez lui!


Le Granique est une terrible défaite Perse puisqu’elle ouvre à Alexandre les portes de l’Asie Mineure. Memnon, lui, parvient à s’enfuir et fomente avec les brides de son armée une contre-attaque. N’amassant pas assez d’hommes, il recule et fini acculé à Halicarnasse, puis dans la forteresse de la cité quand celle-ci termine entre les mains de l’invincible macédonien.


Le résistant :


Comprenant qu’il ne pouvait absolument rien face à l’avancée furieuse de l’armée macédonienne en Asie, Memnon se retranche derrière les épaisses murailles de la cité côtière d’Halicarnasse. Se pensant en sécurité, après que les autorités de la cité lui eurent annoncé qu’Halicarnasse ne capitulerai pas, Memnon prépare l’impossible riposte. En général, il réorganise les défenses, fait consolider les murs de la ville, modernise la citadelle qui donne sur la mer et harangue les défenseurs de la cité.


- « Rien n’est bon avec Alexandre ! Il anéantira votre cité et vous avec ! »

Ses discours sont approuvés par les cris des soldats qui croient en la victoire.


- « Le Grand Roi, notre maître, prépare une armée qui détruira les macédoniens, et alors vous aurez acquis la gloire d’avoir résisté au plus terrible fléau de ce monde ! »


Rien n’est moins sûr. Alexandre est aux portes de la ville et Memnon n’a aucune nouvelle du Grand Roi qui est confortablement installé sur son trône à Persépolis. Pour ce dernier, Alexandre est encore trop loin et son armée est trop peu nombreuse pour l’inquiéter. Il est vrai qu’en quelques semaines, Darius III, peut réunir dit-on, des centaines de milliers de soldats qui viennent de quatre coins de son immense empire.


Memnon doit faire avec. Souvent il pense à son épouse Barsine et à sa fille, qui fuient quelque part en Anatolie (Turquie actuelle) en compagnie d’autres femmes de généraux Perses. Inquiet intérieurement, il ne laisse rien transparaitre, en bon général pour donner confiance à ses soldats. Prudent, il ordonne de construire une flotte de secours au cas où…


Alexandre donne l’assaut ! C’est bien trop tôt car la cité est loin d’être en mesure de repousser les terribles phalangistes macédoniens. Une brèche se fait dans la muraille par laquelle l’armée ennemie s’engouffre comme des fourmis entrant dans un terrier ! La pauvre garde mal-entraînée de la ville est détruite et Memnon doit se retrancher dans la citadelle avec le reste de ses contingents Perses et Grecs. Maudissant Alexandre, Memnon, du haut d’une tour de la citadelle, se tourne vers la mer - sa seule issue – et prenant à témoin les dieux, jure de contre-attaquer.


La citadelle d’Halicarnasse résiste. Le temps devient trop long pour le conquérant macédonien. Alexandre décide donc d’abandonner son acharnement contre les dernières forces du général Memnon, qui, depuis les hautes tours de la citadelle, scrute à longueur de journée l’horizon espérant voir apparaître les renforts tant espérés. Alexandre décide de laisser une petite garnison de soldats aux ordres de la reine Ada, femme déchue du trône d’Halicarnasse peu de temps avant le conflit entre son royaume et Alexandre. Elle avait apporté son aide au jeune macédonien, prêtant allégeance à sa souveraineté si celui-ci la remettait sur le trône.


Memnon voit bien l’armée macédonienne plier bagage et s’en aller au loin vers d’autres conquêtes. Le grec y voit l’instant tant attendu… pour fuir de la citadelle. A la faveur de la nuit il trompe ses ennemis en embarquant avec le reste de ses troupes et prend le large. Après quelques jours de navigation il croise d’autres navires perses – ces derniers sont alors maître des mers - et reprend espoir. Sa contre-attaque va enfin prendre forme.


« Inutile de rejoindre le front ! Nous devons couper Alexandre de sa base : la Grèce ! Notre flotte est assez puissante pour neutraliser tous les renforts qui traverseront l’Hellespont. Athènes n’attend qu’une faiblesse pour se révolter et frapper contre la Macédoine. Laissons la division des cités grecques anéantir les ambitions d’Alexandre ! Je mènerai personnellement nos troupes en mer Egée où nous soumettrons toutes les îles. »


Memnon, intelligemment, profite de la faiblesse de la marine macédonienne pour prendre le contrôle des mers. En moins d’un an, les îles de la mer Egée tombent toutes entre ses mains.


Alexandre suit avec attention les manœuvres de Memnon et enrage de ne pas avoir pu éliminer son ennemi au Granique et à Halicarnasse. Lui-même est à la veille d’une terrible bataille face à Darius et la réussite de Memnon sape le moral des troupes qui se sentent prises au piège, « enfermées » en Asie, sans moyen de retour.


Il était écrit qu’Alexandre ne serait jamais vaincu par un homme. En 333, il n’est qu’aux prémisses de sa gloire. Aussi, lorsqu’on lui apprend que Memnon a succombé à une maladie sur l’île de Mytilène, Alexandre comprend que désormais rien ni personne ne pourra plus l’arrêté. La bataille d’Issos, immortalisée par la célèbre mosaïque de Pompéi, affirme la puissance d’un homme de 23 ans que l’on compare déjà à un dieu. Vainqueur de Darius et de bien d’autres rois, Alexandre trahira une coutume antique répandu : jamais il ne s’appropriera l’épouse du vaincu… pourtant dans le courant de cette même année 333, il épousera sa première femme : Barsine, la veuve de Memnon, celui qui défia Alexandre le Grand.


Commentaires

  1. Ici, des compléments sur Alexandre le Grand et l'Orient : http://www.villemagne.net/alexandre

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